vendredi 30 septembre 2011

Tunisie : Les loups encerclent la bergerie

Peut-on être naïf au point de croire qu’un homme d’affaire investisse des centaines de milliers de dinars dans un parti politique gratuitement, parce qu’il partage son idéologie ?

Certains partis politiques tunisiens, qui, il y a à peine quelques mois étaient totalement démunis de moyens sont en train de montrer des moyens financiers dignes des plus puissantes des multinationales, mais d’où peut bien provenir tout cet argent ?

Ne sentez vous pas l’odeur nauséabonde de la corruption envahir l’air ambiant ? L’argent coule à flot, c’est très bien, c’est même génial, mais quelle en sera la contre partie ?

Je fais partie de ceux qui croient que nul chat ne chasse pour faire la charité (Proverbe tunisien : مثماش قطوس يصطاد الربي) et je crois franchement que tous les partis politiques qui ont accepté la générosité soudaine des hommes d’affaires et autres parties qui les ont littéralement noyés dans du liquide devront tôt ou tard renvoyer l’ascenseur et croyez moi, d’une façon ou d’une autre, ça sera le peuple qui remboursera. Ceci s’appelle tout simplement de la corruption.

J’en veux franchement et je me méfie énormément des partis politiques qui se sont si soudainement enrichis, j’ai plus que jamais l’impression que les loups encerclent la bergerie et qu’ils sont sur le point de donner l’assaut final.

L’une des raisons principales de la révolte du peuple tunisien a été le refus de la corruption et des abus de pouvoirs de toute sorte. Après avoir donné le sang de plus de 300 martyrs et d’un nombre inconnu de blessés à cette révolution pour éradiquer la corruption de notre pays, allez-vous voter pour des corrompus ?

Le peuple tunisien est-il tout entier corrompu ? Sûrement pas, et je suis sûr qu’il sanctionnera très sévèrement les partis politiques qui essaient de l’acheter et d’influencer son vote par la Pub et le pouvoir de l’argent.

Je vais être très clair et je ne vais pas y aller par 4 chemins.

En premier lieu, j’accuse le PDP et en tant que citoyen tunisien, j’exige qu’il publie ses comptes et les sources de son financement. Dans le cas contraire, je considérerai que ce parti est définitivement corrompu et je demande à l’état de procéder au contrôle immédiat de ses comptes.

Je n’accuse pas Ettakatol, parce qu’il a pris l’initiative de publier ses comptes et le montant déclaré n’est pas exagéré, en effet 1 Million de dinars pour un parti populaire, ça reste raisonnable, par contre pour le PDP, on parle de plusieurs millions de dinars ou plutôt de dizaines de millions de dinars vu que c’est le premier à avoir commencé sa campagne d’affichage, c'est-à-dire avant le 24 Juillet, si je ne me trompe pas au milieu du mois de Mai.

Par contre, si Ettakattol a publié ses comptes, je ne me rappelle pas avoir vu, au moins ses principales sources, même sans nommer les donateurs, c'est-à-dire, tel % des adhérents, tel autre % provient des personnes morales, etc.

Quant à l’UPL, son patron dit qu’il se finance lui-même et affirme qu’il est prêt à le prouver, bon qu’il le fasse, mais même si c’est vrai, je ne voterai pas pour lui, parce qu’il ne peut pas mettre autant d’argent dans ce projet sans avoir une idée derrière la tête et je suis prêt à parier à mes risques et périls que cette idée n’est pas très glorieuse et est principalement destinée à lui remplir encore plus les poches.

Celui qui finance, c’est celui qui gouverne réellement, le parti politique devient un instrument destiné à faire passer les lois qui servent les intérêts des bailleurs de fonds. Un parti politique qui n’a pas de base militante significative et qui est en même temps bourré de fric, ne peut qu’être corrompu et comme je l’ai déjà dit مثماش قطوس يصطاد الربي).

Moi, je voterai CPR, même si je n’y suis pas inscrit comme adhérent, je préfère garder la liberté que m’octroie mon indépendance, en effet, si un autre parti arrive à me convaincre, il est possible que je vote autrement dans d’autres occasions électorales. De toutes les façons, il nous faudra beaucoup de temps avant que le paysage politique ne se clarifie. Beaucoup de faux partis vont disparaître et il n’en restera que ceux qui ont la confiance du peuple et qui disposent d’une base militante minimale. Je préfère attendre de sortir de la brume avant de faire un choix définitif.

Mon vote CPR n’est donc pas un vote partisan, c’est un vote bien réfléchi et parfaitement logique. Je ne suis pas admiratif devant Marzouki, Abbou ou qui que ce soit, même si je respecte leurs parcours et leur détermination, mais je vois en ce parti une porte de sortie qui peut nous extirper du marasme et du doute actuels.

Mon vœu le plus cher est que nous, tunisiens, arrivions à instaurer une vraie démocratie dans notre pays et à mettre en place un vrai état de droit où le respect des lois s’impose à tous et où la tolérance et le respect d’autrui sont sacrés.

Je suis convaincu que je ne peux pas confier cette tâche à des personnes que je soupçonne de corruption, l’enjeu est trop grand pour que je prenne un tel risque.

Il y a sûrement d’autres partis honnêtes et des indépendants qui militent par pur patriotisme et en toute sincérité, mais vu les milliers de listes en compétition, je préfère opter pour une équipe que je connais et qui se rapproche le plus de mes idéaux.

Qui peut nier le militantisme, l’honnêteté et le patriotisme des dirigeants du CPR ?

Qui peut douter du respect strict et sans concessions des libertés individuelles et des droits de l’homme par un homme comme Marzouki ?

Qui peut douter de l’indépendance du CPR par rapport à n’importe quel homme d’affaire ou partie étrangère ?

Moi, j’ai fait mon choix, je trouve que c’est un choix logique et sensé qui nous permettra d’effectuer une transition démocratique véritable, de juger les coupables de l’ancien régime équitablement, de réaliser la réconciliation nationale pour par la suite tourner la page et avancer vers un avenir meilleur. Tout ce que je vous demande c’est de ne pas faire confiance aux partis bourrés d’argent, un parti qui se comporte comme une multinationale et qui en a les moyens, ne peut en aucun cas être PROPRE.

Réfléchissez en votre âme et confiance et rappelez vous, si vous optez pour des corrompus, alors vous acceptez que la corruption perdure en Tunisie et vous nous condamnez tous à vivre en dictature, car il n’y a qu’en dictature que la corruption puisse se propager et s’épanouir pleinement, l’une ne va pas sans l’autre et vice versa.

mardi 13 septembre 2011

Pour qui voter le 23 Octobre en Tunisie ?

Je sais, le titre de cet article est assez prétentieux, je ne prétends pas trouver une réponse à cette question et il est loin de moi de vouloir vous influencer, je veux juste faire une réflexion qui justifie mon propre choix.
La phase finale de la révolte du peuple tunisien a commencé le 17 Décembre, ce qui n’était au départ qu’un incident, s’est immédiatement transformé en un mouvement populaire qui s’est propagé par la suite aux villes voisines jusqu’à gagner tout le pays.
Les médias ont pendant les premiers jours essayé d’occulter complètement les évènements, mais les réseaux sociaux se sont chargés de propager l’information et une grande partie du peuple a pu suivre les évènements en temps réel.

Je ne me rappelle pas exactement qui ont été les hommes politiques à réagir en premier après le 17 Décembre, ce dont je suis sûr, c’est qu’il y en avait deux qui ont fait des vidéos de protestation durant cette période, soit Moncef Marzouki et Tarek Makki.

La nuit qui m’intéresse, c’est celle du 13 Janvier après le dernier discours de ZABA. Cette nuit là, un paquet d’hommes politiques et de personnalités publiques ont réagi à ce discours et malheureusement, la plupart d’entre eux, notamment Ahmed Néjib Echabbi et Ahmed Brahim, étaient sur le point de reprendre leurs sièges à l’assemblée nationale et de reprendre le travail avec Ben Ali comme si rien ne s’était passé. Nos hommes politiques et opposants acharnés à ZABA étaient prêts sans aucun scrupule à négocier avec un homme qui non seulement a avili et vidé de toute substance tout un peuple pendant 23 ans, mais aussi a tué à balles réelles et de sang froid plus de 300 personnes et n’hésite pas à pratiquer la torture la plus atroce sur les citoyens.

Quelques uns parmi les hommes qui prétendent avoir l’ambition de diriger la Tunisie nouvelle, ont oublié que la nuit du 13 Janvier ils ont déclaré au peuple tunisien qu’ils étaient prêts à pardonner à ZABA et acceptaient sans problèmes de le laisser entreprendre des réformes et punir sa propre famille, hypocrisie ou naïveté ?

Pour moi, les hommes politiques qui la nuit du 13 Janvier ont applaudi le discours de Ben Ali ne peuvent pas être pris au sérieux et ne doivent en aucun cas assumer des responsabilités en Tunisie après le 14 Janvier.

Si Ben Ali n’était pas parti ce fameux 14 Janvier, Néjib Echabbi et Ahmed Brahim auraient repris leur place à l’assemblée nationale, Kamel Morjène serait encore ministre et Mohamed Ghannouchi premier ministre. Les trabelsi n’auraient pas été inquiétés et El Materi encore moins.

Durant la période allant du 17 Décembre au 14 Janvier, on a tous été indignés et nous le sommes toujours par les images et vidéos qui ont circulé sur Internet et qu’a montrées Al Jazeera, les crânes fendus en deux, les cervelles éparpillées sur le sol et tous les visages ensanglantés dans les rues étaient choquantes et pour tout être humain normalement constitué, la personne qui s’est rendue coupable de telles atrocités doit absolument être punie.

La majorité des tunisiens à cette époque était d’accord pour que Ben Ali parte ou mieux encore, pour qu’il soit jugé et le DEGAGE massif du 14 Janvier en est la preuve. J’ai essayé d’analyser l’attitude de Chebbi et Ahmed Brahim et je me suis dit après tout ils ont peut être raison, pour changer le pays et faire des réformes, il faut d’abord accéder au pouvoir et en tant que fins politiciens, ces deux hommes attendent tout simplement leur heure et savent qu’en faisant de l’opposition franche et frontale à ZABA, ils se feront expulser de la vie politique et ne seront qu’encore plus éloignés de leur objectif ultime, qui est le pouvoir. Autrement dit, qu’ils avaient raison de négocier avec ZABA et de rester à l’assemblée nationale.

J’ai essayé de me convaincre que ce raisonnement était le bon, mais sans succès, en effet les images affreuses des corps mutilés et des visages ensanglantés des martyrs de la révolution surgissent devant mes yeux et je ne peux pas oublier que Ben Ali est un assassin, meurtrier et tortionnaire et immédiatement l’envie de le voir en prison pour le restant de ses jours m’envahit.

Comme, le fait d’accepter et d’applaudir le discours de ZABA du 13 Janvier ne peut pas être expliqué ni politiquement, ni humainement, alors il ne me reste plus que les conclusions suivantes à tirer.
Ahmed Néjib Echabbi, comme Ahmed Brahim sont capables par pure ambition de continuer à collaborer avec un assassin et un meurtrier. Oui, leurs déclarations du 13 Janvier au soir nous prouvent qu’ils auraient accepté qu’un meurtrier reste à la tête du pays en toute impunité, ce qui est à mon avis inacceptable.

Je ne voterai pour aucun homme, ni parti politique qui a accepté et applaudi le discours de Ben Ali du 13 Janvier.
Les véritables révolutionnaires ont décidé que Ben Ali devait dégager bien avant le 14 Janvier, les autres sont des imposteurs qui ne font que se laisser emporter par les courants d’air chauds du moment pour essayer d’accéder au sommet sans efforts et sans risques.


 

vendredi 9 septembre 2011

La dictature féministe ou la psychose des islamistes ?


Obliger un parti politique, souvent contre ses intérêts et surtout contre sa volonté à présenter des listes qui respectent la parité hommes-femmes, n'est-ce pas une dictature en soi ?
Obliger une liste indépendante, souvent contre ses intérêts et surtout contre sa volonté à respecter la parité hommes-femmes, n'est-ce pas une dictature en soi ?
Il se pourrait que les intérêts d'un parti politique ou d'une liste indépendante dans une circonscription électorale donnée, nécessite pour gagner qu'il n'y ait que des femmes candidates et aucun homme, dans ce cas devons nous obliger cette liste à intégrer des hommes, juste pour respecter une stupide règle qui défie toute logique.
Franchement, je pense que le fait d'avoir accepté que la règle de la parité hommes-femmes soit appliquée pour les élections de la constituante en Tunisie est un exemple parfait de l'endoctrinement aveugle dont a été victime le peuple tunisien.
Je suis sûr que la majorité de la société tunisienne pense comme moi, mais personne n'ose évoquer ce sujet, par peur de passer pour un attardé mental totalement dépassé.
Si nous exigeons que les listes électorales soient composées d'autant d'hommes que de femmes, alors pourquoi n'exigeons nous pas qu'elles soient composées d'autant de riches que de pauvres, ou d'autant de bruns que de blonds?
Franchement, je trouve cette règle, je parle de la parité hommes-femmes totalement débile et surtout entièrement anti-démocratique. Le gouvernement et ses donneurs d'ordre ont mis en place le plus compliqué des modes de scrutin (Les plus grands restes), la plus débile des exigences pour les listes électorales (La parité); tout ceci pour empêcher Ennahdha et plus généralement le mouvement islamique de dominer la constituante.
Je ne vais pas trop disserter et je pense que mes mots sont très faciles à comprendre. De deux choses l'une, ou la société tunisienne accepte qu'Ennahdha soit un acteur majeur de la vie politique en Tunisie qui représente une assez large frange de la population, ou cette même société tunisienne refuse à Ennahdha toute activité politique et de ce fait reconnaît que la démocratie n'est pas possible en Tunisie.
Cette frange de la population, au pouvoir actuellement, qui estime que nous devons choisir entre Ennahdha et la démocratie ne me représente pas et surtout, personnellement, je pense qu'elle a tort. Je suis convaincu qu'on peut caser Ennahdha dans un paysage politique démocratique et je pense qu'ils s'y sont préparés activement.
La question primordiale qui se pose actuellement est la suivante : Etes-vous disposés à perdre votre citoyenneté récemment et très chèrement acquise pour empêcher Ennahdha de gagner les élections ?
Je ne veux pas me résoudre à croire que le choix qui s'offre à moi est limité à deux options : Ennahdha d'un côté et la dictature de l'autre. J'ai envie de croire qu'à part ces deux alternatives, il m'en reste une troisième, qui est la démocratie ou un pays peut avoir une identité arabo-musulmane tout en respectant les libertés individuelles des tous les citoyens indépendamment de leurs religions et de leurs croyances.
Ceux qui ont détenu le pouvoir pendant plus d'un demi siècle, veulent nous convaincre que nous n'avons pas le choix et que nous sommes obligés d'accepter la dictature pour échapper aux islamistes sanguinaires et obscurantistes. Pour mieux nous en persuader ils agissent sur deux fronts différents :
- Le premier front consiste à commanditer des actes criminels destinés à être attribués aux islamistes
- Le deuxième front consiste à diaboliser Ennahdha auprès de l'opinion publique par le biais des médias classiques et électroniques.
Ils essaient de nous convaincre que nous sommes dans l'obligation de maintenir le statuquo, c'est à dire un régime à la ZABA, mais moins pourri quand même, pour échapper aux intégristes islamistes.
Moi, je pense que nous avons une troisième alternative, qui consiste en une société capable d'intégrer et de respecter tous les courants de pensées et toutes les ethnies sans perdre de sa souveraineté et rien sacrifier de son identité, cette alternative, c'est la démocratie.
En tant que tunisiens, nous savons tous que le courant religieux est assez populaire en Tunisie et si nous croyons réellement à cette démocratie, alors nous devons définitivement accepter que des partis politiques, tels qu'Ennahdha fassent partie de notre vie politique et nous devons même envisager qu'ils exercent le pouvoir. A nous de mettre en place une constitution qui garantisse les droits de l'opposition et qui assure une alternance pacifique sur le pouvoir.

lundi 5 septembre 2011

Référendum ou un moyen de prolonger l'illégitimité et l'impunité ?

Hier Mohsen Marzouki sur Hannibal a dit que 6 mois étaient largement suffisants pour rédiger une constitution. Oui, c'est vrai si on se contente de recopier la constitution d'un autre pays, mais nous voulons créer nos propres règles du jeu et nous avons l'ambition d'accéder à un système réellement démocratique, pour cela 6 mois c'est très peu. Chaque article de la constitution doit être imaginé puis discuté et débattu dans et en dehors de la constituante avant d'être définitif. Certains prennent la rédaction de la constituante pour une simple formalité et ça m'étonne que ça vienne d'hommes sensés être compétents et intelligents. La constituante va rédiger un texte qui régira la vie des tunisiens pour des dizaines d'années, les possibilités et variantes sont nombreuses et il faudra beaucoup de temps pour trouver la formule qui satisfasse la majorité absolue des tunisiens avec leurs différences et leurs courants de pensées.

Maintenant, je voudrais en venir à "L'initiative d'Hannibal" qui appelle au référendum en même temps que la constituante. Quand j'ai vu ce spot à la télé hier j'ai été choqué. Est-ce que le fait de posséder une chaîne de télé, donne le droit à son propriétaire de passer tous les messages qu'il veut ? Une chaîne de télé qui est sensée faire du journalisme impartial et objectif a-t-elle le droit de passer de tels spots ? Non, je ne le pense pas, Hannibal n'a pas le droit de passer de tels messages et d'essayer d'influencer l'opinion publique, et d'ailleurs elle devrait être sévèrement sanctionnée pour ça. Jusqu'où va dériver cette chaîne ? Ce Arbi Nassra devient sérieusement nocif pour le peuple tunisien et se permet des libertés qui vont à l'encontre du principe même du journalisme et de la démocratie. La prochaine fois ils nous passeront des spots pour nous inciter à voter "Ba3eth El 9anet". Rabbi yehdi et dans la Tunisie d'après le 14 janvier, on voit décidément des choses qu'on ne risque pas de voir ailleurs et comme d'habitude BCE fait la sourde oreille et s'efforce de préserver le prestige de l'état qui malheureusement est en train de se transformer en un gigantesque capharnaüm ou tous les moyens sont bons pour tromper et influencer le peuple tunisien.

Si El Béji, vous avez raté le coche, vous auriez pu rentrer dans l'histoire par la grande porte et être totalement blanchi des atrocités passées que vous avez pu commettre, malheureusement vous n'avez pas saisi l'occasion que le peuple vous a donné et vous rejoindrez ZABA et sa famille dans la poubelle de l'histoire. Tant pis pour vous, vous avez oublié que la Tunisie et son peuple vous survivront, vous avez sali Bourguiba, votre famille et déçu toute la Tunisie et vous nous avez démontré que les Bourguibistes destouriens ne pourront jamais être démocrates ni participer à la création d'un état de droit et pour ceci, le peuple tunisien a bien l'intention de se passer de vos services.

dimanche 4 septembre 2011

Après le coup d'état du 14 janvier, quels sont les plans des "Décideurs" ?

Que s’est-il passé le 14 Janvier ?

Pour moi, le départ de Ben Ali a été envisagé et planifié par les américains et français bien avant le 14 janvier et des remplaçants éventuels ont été désignés.

Les télégrammes dévoilés par Wikileaks démontrent bien que les américains ne pouvaient plus travailler avec Ben Ali et qu’ils méprisaient les trabelsis profondément. Kamel Ltaïef est très proche des américains et a toujours bénéficié de leur protection.

Côté français, le rejet de ben Ali n’était pas à l’ordre du jour et ils pensaient qu’il allait continuer à diriger la Tunisie, au moins jusqu’en 2019, mais les hautes sphères du pouvoir en France étaient harcelées par les opposants tunisiens en Europe et les scandales successifs impliquant les Ben Ali / Trabelsi commençaient à être fort gênants.

En réalité, Ben Ali et sa famille n’étaient pas acceptés par la haute bourgeoisie de la Tunisie. Bien que la plupart des grands hommes d’affaires ait profité des largesses du régime et bien contribué à la généralisation de la corruption dans le pays, ils en étaient dégoutés en leur fort intérieur et la féroce cupidité des trabelsi les effrayait par rapport à leur avenir et sécurité économique.

La bourgeoisie tunisienne et la sphère des grands hommes d’affaires s’est divisée en trois parties.

1- Les hommes d’affaires intouchables par leurs influence économique internationale et totalement éloignés de la politique qui n’ont jamais voulu se rapprocher des Ben Ali et compagnie (exmple : le groupe Elloumi, Poulina, etc) et les petits entrepreneurs qui travaillaient honnêtement et qui se contentaient de payer le 2626 sans essayer de faire partie ni d’une association ni d’une cellule du RCD.

2- Les hommes d’affaires ayant ouvertement choisis de s’allier par les liens du sang à la famille « régnante » qu’ils ont jugée éternelle et définitivement faisant partie de la haute bourgeoisie et du milieu des affaires en Tunisie (Jilani, chiboub, Mabrouk, …)

3- Les hommes d’affaires opportunistes qui sans être proches des Ben Ali / Trabelsi ont quand même profité du système à travers leurs sbires et étaient prêts à aller encore plus loin dans la corruption et les magouilles.

En fait dans tous les milieux et partout en Tunisie, Ben Ali n’était pas respecté, mais craint. Il ne disposait en effet que du soutien de quelques milliers de RCDistes faibles d’esprit et très manipulables comme la fameuse avocate de « Allahou Ahad Allahou Ahad, Ben Ali ma kifou 7ad » Que dieu lui vienne en aide.

Pour synthétiser, la Tunisie est arrivée à une situation très propice à la révolution qui a commencé depuis 2008 avec les évènements du bassin minier. Ben Ali avait perdu le respect du peuple, le soutien d’une grande partie des hommes d’affaires et de la bourgeoisie, le soutien des américains et la confiance des français.

Je me rappelle avant le 14 Janvier sur Facebook, un présumé membre des forces armées avait posté un texte ou il disait : « Le peuple doit envahir les rues partout en Tunisie, pour que les militaires puissent mettre Ben Ali dehors ». Nous savons tous que Rachid Ammar est très proche des américains et nous savons aussi que les américains n’avaient plus envie de travailler avec Ben Ali, c’est pour ça que je pense qu’un coup d’état militaire était en préparation.

Le hic, c’est que le coup d’état n’était pas prévu pour le 14 Janvier et le départ de Ben Ali a été totalement non planifié. Je ne sais pas qui a pris l’initiative d’appeler Mohamed Ghannouchi, abdallah Kallel et Foued Mbaza3 afin qu'ils annoncent la vacance du pouvoir et l’application de l’article 56 de la constitution, mais il est certain que la sécurité présidentielle et Ali Seryati n’étaient pas derrière la tentative de coup d’état sinon ils auraient interdit l’accès à Ghannouchi et compagnie et les auraient peut être même arrêtés, au contraire, ils les ont laissé accéder au palais de Carthage et bénéficier d’une transmission télévisuelle.

Ben Ali s’est donc envolé vers l’Arabie Saoudite avec sa femme, dès que l’avion a quitté l’espace aérien tunisien, la décision a été prise pour qu’il ne revienne plus en Tunisie et a été transmise à Ghannouchi, au gouvernement tunisien et à l’Arabie Saoudite. Mais qui a pris cette décision ? Qui a décidé que Ben Ali ne reviendrait plus en Tunisie ? Pour ma part, je pense qu’en premier lieu, ce sont les américains après concertation avec l’armée et la France. Rachid Ammar s’est ensuite chargé d’exécuter les ordres et de ne plus permettre à Ben Ali de revenir en Tunisie.

La nuit du 13 janvier, alors que Ben Ali venait de finir son discours promettant monts et merveilles aux tunisiens, les snipers sévissaient toujours et les vidéos des victimes pleuvaient sur le net.
Je pense sincèrement que les snipers et pour bien les distinguer, il ne s’agit pas des simples policiers qui ont tiré depuis leurs voitures ou à pieds, mais bien des snipers qui sont même arrivés à toucher des cibles, alors qu’elles étaient chez elles, derrière les fenêtres. La mission des snipers n’était pas de mater les manifestants, au contraire, ils faisaient tout pour raviver les foules et accroitre leur rage afin de fragiliser encore plus Ben Ali. Les snipers faisaient partie du plan du coup d’état et je dirais qu’ils faisaient partie de l’armée et pas de la police.

Autre chose, le 14 Janvier et comme par hasard, le même jour, toutes les maisons et résidences des trabelsi et Ben Ali ont été prises d’assaut sans que l’armée n’intervienne, est-ce un hasard ?

Il est donc évident qu’un coup d’état imprévu a eu lieu le 14 janvier et que la garde présidentielle, en appelant Ghannouchi à se présenter au palais de Carthage pour annoncer l’application de l’article 56 a probablement évité que le pays ne tombe aux mains des militaires.

Le plan des américains était simple, provoquer la chute de Ben Ali en attisant la révolte et en créant le chaos, faire prendre le pouvoir par les militaires momentanément et finalement organiser des élections « démocratiques et transparentes » pour rendre le pouvoir aux civils, soit les hommes de Ltaïef et les Ex-Rcdistes ou destouriens, peu importe comment ils s’appellent. Après le 14 Janvier, il s’agissait d’organiser des présidentielles et je pense que la compétition aurait été entre Kamel Morjene et Ahmed Nejib Chebbi.

Les Américains et Kamel Ltaïef, croyaient qu’il suffisait de dégager Ben Ali et de mettre en prison les trabelsi et leurs alliés les plus proches (Ennemis mortels de Ltaïef) pour que le peuple se calme et pour que la vie reprenne comme si rien ne s’était passé, mais ils ont eu droit à une surprise de taille, le peuple a refusé tout ce qui lui a été proposé, a appelé à une constituante et surtout ne voulait plus du RCD, bref, le plan envisagé est tombé à l’eau.

Alors que le peuple manifestait contre le RCD, Ghannouchi, ses gouverneurs et les caciques de l’ancien régime, les bourgeois qui se sont alliés à ZABA par les liens du sang ont réagi et ont introduit rapidement avec l’aide du gouvernement français leurs pions dans notre gouvernement, il s’agit bien sûr des Haouas, Yessine Brahim et compagnie, les Mabrouks, avec leurs familles par alliance, Chiboub, Jilani, etc ont voulu s’assurer l’impunité et avec leurs alliés en France ont tout fait pour l’obtenir. Hakim El Karoui est en effet à la fois très proche de la droite française de Sarkozy et de Marouène Mabrouk et a très bien manœuvré pour faire d’une pierre deux coups : D’une part offrir au gouvernement français des portefeuilles ministériels et pas des moindres pour avoir « un œil » sur la prise de décision en Tunisie et d’autre part protéger Marouène Mabrouk, c’était bien joué, je l’admets.

Après la chute du deuxième gouvernement de Ghannouchi, il a fallu trouver autre chose pour faire croire au peuple que ses revendications ont été prises en compte. « Les décideurs » ont alors sorti Béji Caïed Sebssi de leur chapeau magique. Au début, ce dernier avait fait fort bonne impression et il nous a tous donné l’illusion qu’il était bien déterminé à rompre avec le passé et à réellement nous diriger vers une Tunisie nouvelle. Le sit-in d’Al Kasba 2 a été levé et on a tous été satisfaits par la décision prise d’organiser des élections pour une constituante.

Malheureusement, les jours sont passés, puis les mois et rien n’a été fait. Le gouvernement n’a pris que de mauvaises décisions et a démontré clairement que pour lui Ben Ali est parti, les trabelsis sont en prison et point barre. La vie doit reprendre son cours avec les mêmes acteurs que précédemment.

Il apparaît clairement, que le plan du gouvernement est de dissoudre petit à petit la colère du peuple ainsi que les preuves contre les anciens responsables corrompus tout en s’assurant que les élections du 23 Octobre redonneront une place importante aux anciens du RCD.

Pour ceci le gouvernement s’appuie sur quatre atouts principaux :

1- La loi électorale de la constituante : Cette loi électorale est le principal atout du gouvernement, en effet, elle permet de garantir aux « décideurs » deux conditions nécessaires pour la remise sur pieds du RCD : La première est de favoriser les partis politiques par rapport aux indépendants puisqu’ils ont prévu que le RCD allait donner naissance à des dizaines de partis politiques et la deuxième est de favoriser les petits partis politiques par la règle des plus grands restes, puisque les nouveaux partis du RCD vont être très petits.

2- L’argument sécuritaire : Le gouvernement crée intentionnellement une situation sécuritaire très fragile et l’utilise pour discréditer la révolution et salir les révolutionnaires, en effet, il essaie de faire croire que les révolutionnaires sèment le chaos et ne sont que des hors la loi anarchistes et incultes.

3- L’argument économique : Le gouvernement veut nous faire croire que le pays est ruiné et que la situation économique est catastrophique et qu’on risque de ne plus avoir de quoi nous acheter à manger. Pour accroitre ce sentiment il laisse les prix s’envoler et n’exerce aucun contrôle pour les maîtriser tout en criant partout à la crise.

4- Les Médias : Le contrôle des médias officiels et la discréditation des médias alternatifs : le gouvernement tient tous les médias et 8 mois après la révolution nous avons toujours les mêmes chaines télé et radios qu’avant le 14 Janvier. Où sont les nouvelles chaines présumées aux quelles le gouvernement a attribué des licences ?
Sur Facebook, des milliers de faux profils se sont créés dans le seul but de diffuser des rumeurs et de contrer les révolutionnaires en les traitant d’islamistes et d'attardés, ils sont très bien organisés et présents sur toutes les pages et tous les groupes.

Le plan du gouvernement et des « décideurs » est bien ficelé et permettra, si on ne fait pas attention de mettre à nouveau le pouvoir entre les mains des RCDistes. Nous sommes bien partis pour arriver à des résultats aux élections du type :

Nahdha : 16 %

PDP : 13 %

Ettakattol : 11%

CPR : 9%

POCT : 7%

Ettajdid : 5%

Autres (RCDistes): 39%

Quand on sait que le PDP et Ettajdid sont toujours prêts à négocier pourvu qu’ils obtiennent une place au pouvoir, alors il est clair que le RCD pourra contrôler la plupart des voix de l’assemblée constituante et permettra à tous ceux qui ont contribué à piller le pays et à le corrompre d’échapper à la justice.

Si le plan du gouvernement et des « Décideurs » réussit, alors nous en avons encore pour 20 ans en période de transition démocratique et la dictature perdurera encore.

Les hommes d’affaires, débarrassés des trabelsi et ZABA, veulent bien que les RCDistes et « Destouriens », légèrement nettoyés et relookés reprennent la Tunisie en main, comme ils ont dans leur majorité profité de l’ancien régime, alors ils ne veulent pas vraiment que des enquêtes sérieuses soient ouvertes, c’est pour ça qu’ils soutiennent presque tous des partis comme Al Watan, l’initiative, etc.

Il apparaît donc clairement, que tout a été fait et planifié pour permettre au RCDistes de reprendre le pouvoir, que peut faire le peuple pour contrecarrer le plan du gouvernement et des « Décideurs » ?

Notre marge de manœuvre est très réduite et se limite à deux axes :

1- La vigilance, les manifestations pacifiques et les sit-in pour faire pression sur le gouvernement et lui faire comprendre que nous sommes déterminés sur le long terme.

2- Voter massivement le 23 Octobre pour l’un des partis suivants : CPR, POCT et en deuxième lieu pour Ettakattol, les 3 seuls partis qui me paraissent assez indépendants et sincères.

En conclusion, le peuple tunisien se trouve actuellement confronté aux forces suivantes :

- Américains, français, algériens, etc qui préfèrent une dictature molle en Tunisie qui garantisse la non accession au pouvoir des islamistes et qui préserve leurs intérêts stratégiques et économiques dans la région.

- Les grands hommes d’affaires et la haute bourgeoisie tunisienne, y compris des cadres supérieurs de l’état qui veulent échapper à la justice et garantir leur impunité et celle de leurs amis et proches.

- La majorité absolue des partis politiques qui veulent accéder au pouvoir et se mettre au service des deux forces citées ci-haut. En effet, les partis politiques actuellement en Tunisie sont soit des dérivés du RCD, soit formés et/ou financés par les hommes d’affaires et autres forces étrangères pour défendre leurs intérêts.

Nous, le peuple, sommes seuls confrontés aux grandes puissances de ce monde et de la Tunisie, croyez vous qu’on sera assez malins pour déjouer les plans des antirévolutionnaires ?

Ça risque d’être difficile, long et agité, tout dépend de nous, nous devons nous unir contre eux comme ils se sont unis contre nous. Le 23 Octobre votons, mais ne votons pas comme ils l’avaient espéré, votons autrement.