Avez-vous oublié Nizar bahloul qui quelques jours à peine avant la fuite de Ben Ali nous dépeignait Imed Trabelsi comme l’homme de l’année ?
Avez-vous oublié les journaux qui faisaient croire aux tunisiens que Sakher Materi était un brillant homme d’affaires ?
Avez-vous oublié les chaînes radios, les télés et les journaux qui au lieu d’informer la population ne faisaient que dépenser des efforts colossaux pour cacher les vérités ?
La presse n’est-elle pas le quatrième pouvoir indispensable qui contrôle l’exécutif afin qu’il n’abuse pas de ses prérogatives.
Laissons de côté les institutions privées, elles ont le droit d’adopter leur propre ligne rédactrice et d’afficher leurs penchants politiques ou idéologiques et concentrons-nous sur les institutions publiques financées par les impôts du citoyen.
Ces pseudo journalistes qui travaillent dans des médias publics financés par l’état n’ont pas compris que leur loyauté doit être envers le peuple et personne d’autre, ils n’ont pas compris qu’ils détiennent eux-mêmes un pouvoir, qui bien employé, pourrait être le seul garant de la démocratie naissante.
Après le 14 Janvier, l’une des revendications les plus pressantes a été la divulgation des archives nationales afin de déterminer les responsabilités, de rompre avec l’injustice et l’impunité pour certains, mais surtout afin de nous prémunir contre tous ceux qui pourraient être sournoisement employés contre nous et notre révolution.
3 ans après la révolution, les archives n’ont pas encore été ouvertes, pire encore, la loi sur la justice transitionnelle n’a pas encore été promulguée et rien n’indique qu’elle va l’être un jour, même l’assemblée constituante est en grand péril et je doute fort de sa capacité à produire une constitution et des lois valables.
Marzouki, qui ne s’est pas montré à la hauteur de ses engagement, ni de ses responsabilités après son installation à Carthage a décidé de passer outre les processus bloqués et a chargé une équipe de rédiger ce livre noir qui explique à partir d’archives ou de documents trouvés sur place les mécanismes utilisés par l’ancien régime pour instrumentaliser et faire des pseudo journalistes des mercenaires à la solde du pouvoir et par conséquent d’en faire des traîtres par rapport au peuple qui les paye et les fait vivre.
Certains crient à l’imposture et disent que le président n’a pas le droit de passer outre le mécanisme de la justice transitionnelle, d’accord, mais de quelle justice transitionnelle parlez-vous ? Est-ce que vous en voyez une ? Est-ce que ce processus a démarré et sinon, quand démarrera-t-il ?
Dans la situation politique actuelle du pays, nous voyons que tout est fait pour empêcher la constituante de promulguer la moindre loi et surtout, tous les moyens sont employés pour que la source de législation ne soit plus l’assemblée mais une poignée d’organisations et de partis qui ne représentent qu’eux-mêmes.
Sachant que l’assemblée constituante risque de s’effondrer à tout moment et sachant que le processus de transition démocratique est en grand péril, n’est-il pas logique d’ignorer tous ces mécanismes non respectés qui ne donnent aucun résultat ?
Oui, certainement Marzouki et ses acolytes ont du faire des calculs politiques dans la rédaction du livre, mais peut-on leur en vouloir alors que nous leur avons laissé le champ libre en négligeant des problèmes aussi importants que celui des archives ?
Si le processus de la justice de transition avait débuté sur de bonnes bases, ni Marzouki, ni personne n’aurait pu prendre ce genre d’initiatives et le pire c’est que ce sont ceux-là même qui font tout pour faire échouer la constituante qui parlent de justice de transition, alors qu’ils savent très bien que si l’assemblée constituante est dissoute, comme ils le demandent, il n’y aura plus ni justice transitionnelle, ni ouverture des archives, ni même un semblant de démocratie possible.
Dans la mesure où les partenaires et les adversaires politiques de Marzouki ont tout fait pour fermer toutes les portes qui pourraient mener à l’instauration d’une démocratie, pourquoi reproche-t-on à ce dernier de sortir par la fenêtre ?
Après la révolution, nous avons assisté à un phénomène étrange, en effet, tout fonctionnaire qui ose divulguer des informations sur les pratiques abjectes de l’ancien régime se trouve presque automatiquement sur le banc des accusés et devient le coupable à abattre à la place des vrais criminels qu’il a tenté de mettre à nu. Nous assistons en ce moment au même phénomène, celui qui ose dévoiler une partie de la crasse de l’ancien régime est automatiquement pris pour cible et devient l’ennemi N°1.
En Tunisie, les gens ont soif de liberté et de vérité, toute personne qui a soif accepte sans hésiter de l’eau quand elle lui est présentée et ne réclame jamais la bouteille d’eau entière quand seulement le quart lui est offert, généralement, elle boit ce qui est disponible sans poser de conditions.
La Tunisie est un pays violé à plusieurs reprises. Les droits de l’homme sont tous les jours transgressés, l’argent public se fait détourner, les richesses du pays se font spolier, quant à la loi, n’en parlons pas, elle est intransigeante avec les pauvres et quasi inexistante pour les riches.
Dans ce climat empreint de mensonges, d’hypocrisie et d’imposture à outrance, ou les sbires de la dictature prétendent œuvrer à instaurer l’état de droit et ou les mercenaires médiatiques d’hier sont devenus comme par magie les héros de la liberté de la Presse, je revendique mon droit inaliénable et universel de citoyen à connaître les vérités de mon pays, certes Marzouki nous livre une vérité partielle qui est loin de lever le voile sur la totalité de la scène politique et médiatique, mais elle n’en reste pas moins une vérité précieuse qui je l’espère sera suivie par beaucoup d’autres qui nous permettront de terminer l’assemblage du Puzzle de notre histoire récente.
Finalement, pour les adorateurs de Bourguiba, je leur rappelle que ce dernier prêchait avec ardeur en faveur de la politique des étapes, qui consistait à se contenter du peu et ne pas le rejeter dans l’espoir d’obtenir plus tard encore un peu plus. En suivant cette logique, nous devons accepter ce que nous livre la présidence en attendant que d’autres nous en livrent encore plus, à moins que Bourguiba ne soit qu’un tremplin politique utilisé avec opportunisme et hypocrisie pour tromper le peuple en profitant de sa nostalgie et de son sentimentalisme.
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